Le drame qui a frappé Saint-Christoly-de-Blaye le samedi 27 septembre résonne encore dans les esprits de cette commune girondine. Aux premières heures du jour, vers 5h30, les flammes ont ravagé le château de la Corderie, cette demeure historique édifiée en 1924 qui constituait l’un des joyaux architecturaux du territoire. Dans ce sinistre, Ginette Boselli, propriétaire âgée de 84 ans, a tragiquement perdu la vie, laissant derrière elle une communauté endeuillée et bouleversée.
Une figure locale appréciée emportée par les flammes
Originaire de Bourgogne, Ginette Boselli avait fait l’acquisition de ce manoir de 400 mètres carrés en 1971, avant de s’y installer définitivement en 2006. Les habitants de Saint-Christoly-de-Blaye gardent le souvenir d’une femme discrète mais attachante, que chacun décrit avec des mots tendres. « C’était une cliente régulière », se remémore l’ancienne fleuriste du village, tandis que la coiffeuse locale évoque une personnalité « agréable » et « gentille ».
Cette octogénaire avait développé une passion particulière pour les animaux abandonnés, notamment les chats errants qu’elle recueillait avec générosité. Une dépendance de son château leur était même entièrement dédiée, témoignant de sa bienveillance naturelle. « C’était un amour de femme », confie une voisine émue, ajoutant que « c’est vraiment atroce » ce qui lui est arrivé. Cette dimension humaine de la victime rend le drame d’autant plus poignant pour cette communauté de 1 900 habitants qui découvre brutalement la violence.
L’enquête criminelle sème l’effroi dans la commune
L’intervention des sapeurs-pompiers ce matin-là n’aura malheureusement pas suffi à sauver la propriétaire, dont le corps sans vie a été extrait des décombres encore fumants. Mais c’est surtout l’annonce du parquet de Bordeaux qui a jeté un froid sur Saint-Christoly-de-Blaye : l’origine criminelle de l’incendie est désormais privilégiée par les enquêteurs.
Cette révélation, confirmée après l’autopsie du 29 septembre, transforme complètement la perception de ce drame. « Suivant la tournure que ça va prendre, ça fait un peu peur », avoue la coiffeuse du village, exprimant l’inquiétude grandissante des habitants. La question hante désormais tous les esprits : qu’a-t-il bien pu arriver à cette femme si appréciée ? « On trouve ça étrange qu’un si grand château puisse brûler », glisse un passant, résumant l’incompréhension générale face à cette tragédie. Ce type d’événement dramatique rappelle d’autres incendies destructeurs qui marquent douloureusement les communautés locales.
La mobilisation judiciaire et l’hommage populaire
Face à la gravité des éléments découverts, le procureur de la République Rodolphe Gaudeul a annoncé mardi que le parquet de Libourne se dessaisissait au profit du pôle criminel du parquet de Bordeaux. Une enquête pour « destruction d’un bien appartenant à autrui par l’effet d’un incendie ayant entraîné la mort » a été ouverte, confiée à la section de recherches de la gendarmerie nationale de Bordeaux.
Pendant que les investigations se poursuivent, les habitants expriment leur émotion et leur soutien de manière touchante. Plusieurs d’entre eux ont déposé des bouquets de fleurs aux portes de la bâtisse calcinée en début de semaine, rendant un dernier hommage à celle qui incarnait la discrétion et la gentillesse dans leur commune. Ces gestes spontanés témoignent de l’impact profond que cette tragédie a eu sur la communauté locale, qui peine encore à comprendre comment un tel drame a pu survenir.
