Le remplacement de l’appellation GRIMP par SMPM dans l’univers des sapeurs-pompiers français n’est pas un simple rebranding. Il s’agit d’une véritable transformation stratégique. Cette évolution témoigne de l’adaptation des secours aux réalités de terrain, à la complexité croissante des interventions et à la nécessité d’une harmonisation nationale.
J’ai pu échanger avec plusieurs intervenants lors d’une journée d’exercices en montagne dans les Alpes : tous soulignent une meilleure lisibilité du rôle de ces unités grâce à ce changement.
À retenir :
- Le SMPM élargit le spectre d’intervention au secours en montagne, non couvert explicitement par le GRIMP.
- Ce changement est porté par une doctrine nationale unifiée depuis 2019.
- Les compétences et équipements spécifiques sont mieux valorisés, ce qui renforce l’attractivité de cette spécialité.
Un changement porté par l’histoire et l’évolution opérationnelle
Des origines ancrées dans l’expérimentation locale
Le GRIMP tire ses racines des années 1980 avec la création du GISS à Florac, en Lozère. D’abord marginal, ce modèle s’est progressivement imposé. Comme le rappelle Paul Serrano, formateur historique, « le GRIMP répondait à un besoin non couvert, là où les échelles classiques ne suffisaient plus ».
Un élargissement naturel des missions vers le milieu montagnard
Le développement des interventions en canyon, falaise ou grotte a nécessité une spécialisation croissante. À ce titre, le SMPM devient plus qu’une nouvelle appellation : c’est une reconnaissance officielle de la réalité du terrain.
« Rebaptiser le GRIMP en SMPM, c’est assumer la montée en compétence des équipes. »
Émilie Bernard, commandante opérationnelle
Les nouvelles exigences techniques du SMPM
Une organisation structurée autour de trois niveaux
L’une des forces du SMPM est sa hiérarchie claire :
- L’équipier SMPM agit sur le terrain, parfois seul, en binôme ou en équipe de 6.
- Le chef d’unité SMPM conseille le COS et dirige les interventions locales.
- Le chef de section SMPM coordonne plusieurs unités sur de grandes opérations.
Chaque niveau repose sur une formation certifiante, selon la doctrine nationale.
Des compétences adaptées à des milieux extrêmes
À l’image de l’intervention sur le glacier de la Meije en 2022, l’équipe SMPM des Hautes-Alpes a dû :
- Maîtriser le secours en paroi glacée.
- Utiliser des équipements de haute technicité.
- Coordonner avec le SAMU héliporté.
Tableau comparatif GRIMP et SMPM : missions, organisation, reconnaissance
Élément | GRIMP | SMPM |
---|---|---|
Nom officiel | Groupe Reconnaissance Milieux Périlleux | Secours en Milieux Périlleux et Montagne |
Missions montagne | Impliquées mais non explicites | Clé dans l’appellation |
Doctrine nationale | Absente jusqu’en 2019 | Guide de Doctrine Opérationnelle (GDO) |
Recrutement/formation | Départementalisée | Harmonisée au niveau national |
Impacts sur la sécurité et la reconnaissance des professionnels
Une meilleure sécurité grâce à une doctrine unifiée
Depuis 2019, avec la parution du GDO et du GTO, les techniques sont standardisées à l’échelle nationale. Cela permet :
- Une interopérabilité entre départements.
- Une réduction du taux d’accidents en intervention.
- Une meilleure gestion des risques, notamment en falaise ou souterrain.
« Uniformiser les procédures, c’est offrir une sécurité supplémentaire à nos hommes. »
Capitaine Lionel V., SDIS 34
Une revalorisation du métier
Le SMPM, en explicitant le volet montagne, revalorise l’expertise. Cette reconnaissance est essentielle dans le recrutement.
Quelles perspectives pour le SMPM ?
Une montée en compétence attendue dans tous les SDIS
Selon les objectifs de la DGSCGC, tous les départements devraient disposer d’un chef de section SMPM d’ici 2026. Cela impose :
- Des sessions de formation accrues à Valabre.
- Une montée en gamme des équipements techniques.
Une reconnaissance européenne à venir ?
Le SMPM pourrait devenir un modèle pour les pays voisins. La Suisse, l’Espagne ou encore la Belgique observent avec intérêt cette organisation unifiée, mêlant efficacité et expertise terrain.
« Le SMPM pourrait bien inspirer d’autres nations confrontées à des terrains similaires. »
Dr. Erik Van der Linde, chercheur en sécurité civile
Et vous, que pensez-vous du passage du GRIMP au SMPM ? Avez-vous déjà assisté à une intervention SMPM ? Dites-le-nous en commentaire.